Corps des écrivains et des artistes : génétique et esthétique (Coréage)
Coréage
Corps des écrivains et des artistes : génétique et esthétique
Le projet en détail
L’étude de la littérature et des arts reste dominée par l’opposition entre l’oeuvre (texte) et son environnement (contexte). Cette vision duelle rend malaisée une description cohérente de la création dans les domaines concernés. Le malaise est également épistémologique en ce que cette opposition n’affecte pas la littérature et les arts de la même manière : autant la littérature étudie plus souvent l’oeuvre dans son autonomie, autant la théorie de l’art contemporain a fait du contexte et du processus poïétique le moyen de se distancier de l’idéal académique du chef d’oeuvre.Le projet Coréage a pour objectif premier de montrer qu’une approche de la littérature et des arts qui intègre les deux dimensions tenues artificiellement séparées est possible et nécessaire.
C’est en prenant en compte les corps des artistes et des écrivains que ce projet cherche à atteindre cet
objectif. Loin du sens commun dualiste, le corps est envisagé comme un être que les sciences sociales, les
sciences cognitives, la psychanalyse et la philosophie étudient sur des bases renouvelées depuis le « tournant
corporel » des années 1940 : un corps humain, socialisé et par conséquent inséparablement physiologique et
symbolique. Le troisième objectif principal du projet est de montrer pour la première fois que, ainsi conçus, les corps des écrivains et des artistes constituent des éléments à part entière des études littéraires et artistiques, tant au niveau poïétique qu’esthétique. Le corps des écrivains et des artistes est en effet un corps empathique qui participe à construire l’expérience esthétique.
Le projet Coréage souhaite concourir à la légitimation nationale et internationale de la corporéité comme dimension indispensable à l’étude des expressions artistiques et littéraires. Il entend ainsi participer à l’innovation de la recherche en lettres et en arts dans la région et au-delà, et d’en faire bénéficier la création culturelle régionale et le grand public. Il fera aussi se rencontrer, du fait de leur corporéité commune, les producteurs et les récepteurs, donc la production des oeuvres et leur appréhension, deux pôles que les discours scientifiques, critiques et artistiques ont l’habitude de dissocier. L’enquête sur les corps des écrivains révélera certaines corrélations entre ceux-ci et l’écriture de la corporéité. Le projet contribuera ainsi à la théorisation d’une approche corpopoétique des oeuvres. En outre, les enquêtes menées sur le corps à l’oeuvre visent enfin à introduire dans le champ des études littéraires et esthétiques les hypothèses que les sciences de la cognition, et notamment le paradigme de la cognition incarnée, développent pour penser les effets du corps. Le projet participe de ce fait à oeuvrer pour un meilleur dialogue entre les disciplines.